Quand on est normand, on sait bien qu'il n'y a qu'un seul Guillaume qui vaille, parce que Duc de Normandie, il fut aussi "le Conquérant" de la couronne d'Angleterre, dès 1066, à la fameuse bataille d'Hasting - devenant, du même fait, beaucoup plus puissant que le roi de France !

Presqu'un millénaire plus tard, c'est encore sa mémoire que l'on célèbre et surtout l'épopée de sa jeunesse de "bâtard" qui fut tout, sauf "un long fleuve tranquille": entre périls et traîtrises, c'est un monde de grande violence qu'il lui fallut précocément affronter, à peine sorti du berceau. Enfant naturel de Robert-le Magnifique, celui-ci le reconnaît et en fait son héritier, avant de mourir en Palestine.

Pour les puissants barons, l'occasion est trop belle pour ne pas tenter de s'emparer de la couronne ducale: encore faut-il occire le fâcheux gamin. Caché dans le bocage, il sera élevé tel un petit paysan... Puis errant de château en château, il fuira les méchants vassaux. Il devra au sacrifice de son tuteur, Osbern de Crépon, une survie bien hypothétique. A 19 ans, il s'enfuit de Valognes, pour échapper à ses poursuivants, Guy de Brionne et Arnouf de Briquessart, vicomte du Bessin. A mi-chemin de son château familial de Falaise, il devra au fidèle Hubert de Ryes et à la complicité de quelques dévoués, la vie sauve et la plus belle destinée.

Le Manoir d'Argouges ne pouvait que séduire la production de ce long-métrage pour le tournage de certaines scènes-pivots: ne se situe-t'il précisément pas à quelques brisées du fameux chemin, jadis emprunté par le noble fugitif... Et Vaultier d'Argouges n'assura t'il pas le Conseil de Régence, aux côtés de la Reine Mathilde, alors que le preux époux était parti ferrailler outre-Manche ?

Avec un casting rigoureux pour les acteurs et plus de 110 figurants pour les seules batailles, le long métrage des Films du Cartel est certes ambitieux... Faut-il, dès lors, s'étonner, que non content de "prêter ses antiques murs" au tournage de plusieurs séquences (pigeonnier, corps de garde, escalier...), Bertrand LEVASSEUR apparaît dans le film, sous les traits d'un geôlier, complice de l'infortuné Guillaume: y avait-il plus légitime pour porter les clés du Manoir d'Argouges que celui qui s'en rendit réellement propriétaire, il y a bientôt trente années ? Il s'était même laissé pousser une barbe quasi-médiévale pour ces circonstances inédites. Florian, son jeune fils - dans le film et dans la vie - en profita pour décrocher sa première opportunité d'y bien "figurer"... Bref, une authentique aventure familiale, en somme, et de vrais souvenirs.

A quand la sortie, tant attendue ? Sans doute au mois d'octobre 2013 ! Gageons que ce film, bien ficelé, contribuera avec efficacité au rayonnement de la Normandie - dans le monde anglo-saxon, bien sûr, mais bien au delà, sans doute aussi...

Qui osera prétendre encore que les Monuments Historiques privées ne sont plus que de "belles endormies", candidates à l'oubli... Il n'est d'années, de mois ou de semaines, où le plus inattendu se produit derrière les antiques tours du Manoir d'Argouges. Cette fois, soeur Anne a tout vu venir et l'on est guère au bout de ses surprises, dès que l'on s'approche de ce lieu magique, faisant toujours bon accueil à chaque visiteur.

Est-ce la Fée qui veille ou Laure et Bertrand LEVASSEUR ? Un peu chacun, sans nul doute, et pour notre constant ravissement, car ici le passé est bien présent et le futur est déjà presque passé, parce que conjugué au "plus-que-parfait" !